Nana, Emile Zola, 1880
- cityzenicnbs
- 21 janv. 2021
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Dernière mise à jour : 21 janv. 2021
«Ce fervent dont elle avait empoisonné un peuple, venait de lui remonter au visage et l’avait pourri»
Après avoir lu dans Germinal la suite de la vie d’Etienne Lantier, fils de Gervaise Macquart (l’Assommoir), loin du quartier de la Goutte d’Or à Paris, dans le coron des Deux-Cent-Quarante, il me paraissait nécessaire de découvrir la suite de la vie du second enfant de Gervaise : Nana.
Contrairement à son frère qui vit dans le bas monde, qui use de sa chair pour gagner à peine 30 sous par mois, Nana elle, est une femme de la haute société, du moins celle-ci la désire, la courtise grâce à son beau derrière arrondi et bien fourni qu’elle expose au théâtre des Variétés.
Zola nous emmène alors dans les appartements de Nana, tout d’abord boulevard Haussmann et ensuite avenue de Villiers, on y découvre alors la vie de débauche que mène Nana dans ses grands appartements. Grands appartements certes, mais qui doivent sans cesse abriter dans les placards, dans les salons les courtisans de Nana afin que l’un d’entre eux ait toujours l’illusion qu’elle lui est acquis.
Car cette jeune femme, grande et forte, disgracieuse, cette « chienne qui n’est pas en chaleur et qui se moquent des chiens qui la suivent » (E. Zola) sans talent, sans jugeote fait fortune en vendant sa chair à tous ces hommes qui l’ont aperçu au théâtre se dandiner singulièrement.
En Nana ils voient une bête, une bête de foire qu’ils aimeraient gouter, apprivoiser, parfois marier. Mais celle-ci est indifférente à tous leurs charmes, à toutes leurs bonnes attentions, son seul désir est celui d’une gloutonne, une gloutonne qui a soif d’argent, d’influence, de pouvoir.
Ce spécimen qui n’est point commun dans leur cercle social, dans leur vie bien rangée, les attire, les excite, les délecte. Malgré leur lignée familiale radieuse, leur foi au bon Dieu, leur fortune, leurs principes, leurs propriétés, une fois qu’ils sont sous l’emprise de Nana, de la bête, celle-ci les bouffe, les gobe, les détruit, les dérobe de leur vie bien rangée, de leurs projets. Une fois que les pêchés de la tentation, de la luxure sont commis ils ne peuvent point revenir en arrière. La bête leur gobe tout, détruit tout et recommence ce cercle vicieux indéfiniment avec tous les hommes qui la désirent.
Un volet des Rougon-Macquart qui m’a beaucoup plu, outre parfois les longues descriptions du théâtre des Variétés que ce soit sur scène, en coulisse ou en répétition. Ce que j’ai particulièrement aimé dans cette œuvre est l’ascension sans cesse plus grande de Nana, son désir de tout avoir autant que celui de tout détruire, son emprise sur les hommes de bonne famille prêts à tout pour courtiser cette femme du bas peuple, bouleversant les codes de la bourgeoisie et qui conquiert le tout Paris.
Critique écrite par Bastien Derrien

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